Février : va t-il neiger sur le bassin Méditerranéen ?
Fin décembre, au sein d'un article, nous vous annoncions que Janvier avait une bonne probabilité d'être plus froid que les normes de saison. Verdict ce 31 Janvier : pour la plupart des villes de notre région, ce premier mois de l'année affiche un déficit thermique proche de 1,5°C. Cette anomalie froide n'est pas exceptionnelle mais demeure tout de même notable. Durant la vague froid de la mi-Janvier, les thermomètres se sont abaissés localement en dessous des -10°C en plaine et à près de -20°C sur les reliefs. Côté neige, ce sont essentiellement les plaines intérieures du Gard qui ont été concernées, ainsi que les reliefs (notamment de la Lozère avec un épisode cévenol neigeux). En cette fin Janvier, le redoux s'est amorcé avec à nouveau des températures 2 ou 3°C au dessus des normes de saison. A quoi faut-il s'attendre pour les prochaines semaines ?
Avant tout, nous tenons à souligner que les prévisions saisonnières ne sont qu'une indication du temps qu'il pourrait faire à long terme, à l'échelle d'une zone assez vaste. Malgré une fiabilité qui s'améliore peu à peu, les résultats sont encore inexacts. C'est pourquoi l'analyse qui est déclinée ci-dessous est à considérer avec prudence. Nous vous partageons une première tendance avec les indices actuels (qui vont être développés les uns après les autres) mais ces derniers peuvent rapidement évoluer.
Analyse à l'échelle de la stratosphère :
La stratosphère se situe entre la troposphère et la mésosphère. Il s'agit de la seconde couche de l'atmosphère terrestre. Les variations thermiques qui s'opèrent à ce niveau sont importantes à analyser car elles impactent directement le vortex polaire, habituellement concentré aux hautes latitudes. Afin de faciliter la bonne compréhension de tous, nous allons volontairement vulgariser certaines explications. Pour faire simple, plus le vortex polaire est concentré plus le froid est présent au niveau du pôle. La situation météorologique est alors "zonale", caractérisée par des vents d'Ouest sur l'hémisphère Nord qui apportent une relative douceur humide à nos latitudes. Inversément, si le vortex polaire se déconcentre, il a tendance à "exploser" en plusieurs morceaux. Ces "morceaux" de vortex sont alors projetés de part et d'autre du globe. Dans ce contexte, nous assistons à un potentiel de vague de froid aux latitudes plus basses, telles que l'Europe Méditerranéenne.
Sur la carte ci-dessous, nous pouvons voir la configuration thermique actuelle au niveau de la stratosphère. Ce 31 janvier, un puissant réchauffement stratosphérique est entrain de s'opérer sur le Nord de la Russie, avec près de +4°C modélisés à 10hPa (environ 10 000 mètres d'altitude). Dans le même temps, le vortex polaire est bien concentré sur l'Atlantique avec environ -75°C à 10 000 mètres d'altitude. Ce contexte va se maintenir durant la semaine à venir, induisant une accélération des vents zonaux sur la France, avec un potentiel de tempête sur les régions du Nord début Février. Les vents d'Ouest, probablement temporaires, vont apporter sur notre région une relative douceur dans les fronts chauds avant d'alterner avec des phases de refroidissement dans les fronts froids. Ainsi, la première semaine de Février devrait être relativement douce en plaine avec un temps souvent nébuleux et humide. Sur nos reliefs, le temps alternera entre douceur et fraîcheur, avec de la neige passagère dans les fronts froids et de la pluie jusqu'à 1500 m dans les fronts chauds.
Carte : modèle GFS - température à 10hPa en stratosphère. Crédit : MétéoCiel.
En fin de première décade de Février (vers le 8/02), les conditions vont progressivement évoluer. Les effets de l'actuel réchauffement stratosphérique vont certainement se matérialiser par un affaiblissement du vortex polaire, qui migrera vers la Scandinavie (voir carte ci-dessous). Avec la migration du vortex, les vents zonaux (d'Ouest) devraient peu à peu se calmer. Ceci pourrait (au conditionnel) favoriser l'instauration de flux continentaux plus froids sur une bonne moitié Est de l'Europe... sans qu'il soit pour le moment possible de dire si ces masses d'air froid vont atteindre ou non la France.
Carte : modèle GFS - température à 10hPa en stratosphère. Crédit : MétéoCiel.
Analyse à l'échelle de la troposphère :
La troposphère est située au plus proche de la surface du globe, entre le sol et 12 kilomètres environ selon la latitude et la saison. Généralement, les effets d'un réchauffement au niveau de la stratosphère se propagent 10 ou 15 jours plus tard en troposphère. Ainsi, les prévisionnistes de Météo Languedoc optent pour la mise en place d'un "régime ondulant" vers le 10 Février. Ce régime devrait favoriser l'élévation des hautes pressions vers les hautes latitudes sur certaines parties de notre hémisphère. Par "effet de vide", les basses pressions plongeront sur d'autres portions de notre hémisphère. Là encore, il est pour le moment difficile de savoir si la France se situera dans les basses pressions ou les hautes pressions mais le temps pourrait peu à peu se refroidir durant cette période. Il est à souligner qu'une circulation ondulante précède souvent la mise en place de blocages nordiques. Ces derniers sont favorables aux vagues d'air froid à l'échelle de l'Europe.
Carte : modèle CEP - pressions et géopotentiels. Crédit carte : MétéoCiel. Schéma : Météo Languedoc
Ce potentiel de blocage est parfaitement illustré par le modèle GFS (centre de prévision Américain) ce mardi, comme en atteste la carte ci-dessous. Les hautes pressions sont susceptibles de migrer vers la Scandinavie entre le 10 et le 15/02, obligeant les masses d'air froid polaires à migrer vers l'Europe du Centre et de l'Est, voire par propagation jusqu'à nos contrées. Là encore, il est difficile de savoir si la France sera concernée ou non par ces masses d'air froid mais la probabilité est suffisamment importante pour la mentionner dans cet article. Bien évidemment, le blocage Nordique (caractérisé par des hautes pressions persistantes aux hautes latitudes) pourrait se produire ailleurs, par exemple sur l'Islande. Cet aspect sera aussi à préciser ultérieurement.
Carte : modèle GFS - pressions et géopotentiels. Crédit carte : MétéoCiel. Schéma : Météo Languedoc
Ainsi, vers la mi Février, les températures devraient baisser sur une bonne partie de l'Europe, dont la France, pour passer potentiellement sous les normes de saison. Si la mise en place d'un flux continental vient à se confirmer, des possibilités neigeuses pourraient se manifester sur l'arc méditerranéen, ce qui restera là aussi à préciser dans les prochains jours. Dès lors, si vous lisez cet article depuis ses débuts, vous vous rendez compte au combien la météorologie n'est pas une science exacte.
La suite est encore plus incertaine, mais nous devrions rester dans un régime ondulant, voire dans un contexte atmosphérique favorable aux blocages hivernaux. Même topo que précédemment, il sera primordial de savoir où se positionneront les pulsions anticycloniques pour savoir le temps qu'il fera en France. Toutefois, il faut retenir que dans ce contexte favorable aux blocages nordiques, tout est possible, y compris l'arrivée de masses d'air froid à nos latitudes. Le scénario GEFS l'illustre à son tour en cette fin de journée, à très long terme (carte à ne pas prendre au pied de la lettre) :
Carte : modèle GEFS - pressions et géopotentiels. Crédit carte : MétéoCiel. Schéma : Météo Languedoc
En conclusion, le mois de Février pourrait dans la globalité être proche des normes de saison sur la France. Les prévisionnistes de Météo Languedoc voient une première décale au dessus des normes (+1 à +2°C) avec un flux d'Ouest dominant caractérisé par un temps assez nébuleux, humide et plutôt doux. Un refroidissement pourrait intervenir durant la deuxième décale avec potentiellement une continentalisation des flux sur l'Europe (flux d'Est). Dans ce contexte, les températures pourraient à nouveau passer sous les normes de saison et, dans l'éventualité où les dépressions se positionnent optimalement, des précipitations neigeuses à basse altitude ne sont pas exclues. Enfin, pour la dernière décade, nous pourrions conserver des conditions assez fraîches à peut-être froides, en fonction du positionnement des centres d'actions. Dans tous les cas, les masses d'air froid devraient persister à proximité de notre pays...
Nous insistons sur le fait qu'il s'agit d'une première tendance. Cette dernière peut rapidement évoluer. Prochaine date charnière : vers le 10 Février, afin de connaître les effets de l'actuel réchauffement stratosphérique. Merci pour votre lecture.
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